Stations de ski, électricité bas-carbone et autonomie
En Europe, le prix de gros pour l’électricité inquiète de nombreux observateurs, notamment en vue de l’ouverture des stations de sports d’hiver françaises et suisses cet hiver 2002/2023. De nombreuses stations déclarent utiliser essentiellement de l’électricité décarbonée grâce aux contrats avec des fournisseurs choisis. Cependant, quelques stations dans le monde produisent réellement leur propre électricité. Voici 3 exemples de stations de ski avec une production d’électricité locale, au bénéfice d’une quasi-autonomie.
Stations de ski Grindelwald et Wengen
À Grindelwald et Wengen (Suisse), la société Jungfraubahn AG a ouvert sa propre centrale hydroélectrique dès 1908. Elle servait dans un premier temps à alimenter la ligne à crémaillère qui monte au Jungfraujoch à 3454 m, et ce depuis 1912, bien avant l’aménagement du domaine skiable.
La « Lütschental Kraftwerk » génère aujourd’hui jusqu’à 12 MW, produisant jusqu’à 55 GWh par an, ce qui représente un multiple des propres besoins annuels. L’excédent est vendu directement aux entreprises et particuliers autour de Grindelwald.
La maison mère, holding Jungfraubahn holding AG, détient plusieurs exploitations de transport par câble et trains à crémaillère autour de Grindelwald, Wengen Et Mürren, assorties de restaurants d’altitude, d’activités outdoor et de parcs de stationnement. Elle est cotée à la bourse de Zürich. CA 2019 : 223M CHF.
Station de ski Aspen Snowmass
Aspen SkiCo, l’opérateur des 4 domaines skiables à Aspen et Snowmass (Colorado – USA) s’appuie sur l’héritage minier de la région.
La mine de charbon Elk Creek Mine, située à une cinquantaine aine de kilomètres d’Aspen et fermée en 2014, continue de libérer du méthane (grisou), comme chacune des 48 500 mines de charbon désaffectées aux USA. Depuis 2012, le méthane d’Elk Creek Mine est capturé et brulé pour générer de l’électricité, totalisant env. 24 GWh par an. C’est à-peu-près l’équivalent de la consommation annuelle des remontées et quelques autres infrastructures.
La combustion émet ainsi du CO2 à la place du méthane et en réduit l’effet de serre, sans l’éliminer. Malheureusement, d’autres mines dans la région ouvrent ou rouvrent pour extraire du charbon.
Aspen Skiing Company est une entreprise privée détenue par la famille Crown, originaire de Chicago.
Pistes de ski indoor Snowworld
Snowworld Landgraaf et Zoetermeer (Pays-Bas). Depuis 2018, les toits des deux pistes de ski indoor de 400m sont couverts respectivement de 9200 et 3000 panneaux solaires, pouvant générer jusqu’à 3MW. Lors de journées ensoleillées, les installations deviennent ainsi autosuffisantes voire excédentaires.
Snowworld NV gère 6 pistes indoor assorties d’activités, de services et hébergements. Snowworld NV est cotée à la Bourse d’Amsterdam. CA 2019 : 35,2M€.
Snowworld Landgraaf
Les exemples de Grindelwald et Aspen montrent que sur une année, ces opérateurs et leurs centrales génèrent la quantité d’énergie équivalent à celle nécessaire pour leurs installations, et même plus Mais les données suggèrent également que ces opérateurs ne sont pas totalement autonomes toute l’année, et que des aller-retour avec le réseaux sont nécessaires. Ceci notamment pendant la saison d’hiver, en journée, lorsque les domaines skiables sont en fonctionnement environ 8 heures par jour.
(c) photo : Bernard Gaëtan
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