Sondage : Les Français et le changement climatique
[Résultats sondage]
Le débat sur le changement climatique semble avoir pris sa place dans les conversations quotidiennes des Français, et le sujet est complexe par tous ses aspects.
Le sondage Moving Minds réalisé entre fin septembre et début novembre auprès de 1112 répondants représentatifs de la population française de 18 à 70 ans (note méthodologique à la fin), a permis de mesurer les ressentis des Français.
1. Le changement climatique dans le top 5
Sur 19 thèmes de préoccupations, le changement climatique arrive en 5ème position, derrière le pouvoir d’achat et la santé. Il est à égalité avec l’éducation des enfants, la criminalité et les dangers d’internet pour les enfants.
La covid 19 arrive en dernier dans cette liste, et préoccupe toujours « beaucoup » ou « énormément » 29% des répondants.
2. Doutes et certitudes sur la réalité et les causes
Un peu plus de la moitié des Français (56%) estime que la réalité du changement climatique en soi est incontestable. À l’inverse, 39% exprime des doutes, et 3% sont même certains que le phénomène n’est pas réel.
En moyenne, 46% attribue le changement climatique uniquement à l’activité humaine, et 47% estime que le phénomène est au moins en partie naturel. Mais cette attitude est fortement corrélée au niveau de certitude quant à la réalité du phénomène. Plus la personne sondée est certaine, plus elle invoque l’activité humaine comme seule cause et plus elle écarte les causes naturelles. À l’inverse, ceux qui doutent sont plus nombreux à penser que « on exagère ses effets » (24% contre 2% des convaincus). Ces trois réponses traduisent probablement les mêmes doutes, voire la même méfiance.
3. Des Français plutôt pessimistes.
Qu’il s’agisse des objectifs fixés par la COP21 (limiter la hausse des températures à 1,5 à degrés) ou de la Stratégie Nationale Bas Carbone française (diviser par 6 les émissions de GES à horizon 2050), les sondés estiment la probabilité que nous puissions atteindre ces objectifs à moins d’une chance sur deux. (ndlr. Chaque moitié de l’échantillon a été soumis à l’un ou l’autre objectif de façon aléatoire)
4. La ‘sobriété’ pour les plus inquiet.e.s
En soumettant 3 approches prioritaires pour opérer la transition énergétique — la sobriété, l’efficacité et les énergies renouvelables — les choix sont relativement équilibrés.
Cependant, la ‘sobriété’ est fortement discriminante : elle est plus facilement privilégiée par ceux et celles qui, par ailleurs, expriment le sentiment d’urgence le plus fort. En effet, parmi les défenseurs de la ‘sobriété’, presque deux-tiers (63%) déclare se renseigner « activement pour savoir et comprendre » sur le sujet, contre 45% pour les autres profils. Enfin, ils.elles sont également plus nombreux que les autres profils à penser que l’on « sous-estime ses effets ».
5. Croissance économique : amie ou ennemie ?
Il existe une contradiction entre l’idée, d’une part, que la croissance économique permet de dégager les moyens pour investir, innover et implémenter les solutions nécessaires, et d’autre part, l’idée qu’une croissance soutenue avec ses externalités négatives actuelles empêche ou ralentit la réduction des émissions de GES.
Si les sondés ont une légère préférence pour la proposition positive, 48% estime que les deux idées sont vraies, « même si elles paraissent contradictoires ».
6. Implication personnelle
Un répondant sur cinq (21%) a déjà fait un bilan carbone personnel grâce aux calculateurs gratuits sur Internet. Ces profils sont marqués par un degré de préoccupation plus élevé que la moyenne, se renseignant également plus activement sur le sujet. Ils citent également un nombre plus élevé d’actions concrètes individuelles (21% de plus) comparé aux autres profils.
Globalement, les sondés citent une grande variété de mesures concrètes qu’ils/elles prennent ou envisagent de prendre comme contribution à la réduction de leur empreinte carbone individuelle. (ndlr. Les réponses du sondage représentent les pensées spontanées des individus, et ne se comprennent pas comme des nombres d’actions réellement menées, ni comme des quantités d’énergie ou de volumes de GES)
Parmi les moins inquiets, 45% ne cite aucune mesure concrète (« je ne sais pas », « rien » ou « je fais attention ») contre 24% des plus inquiets.
Les réponses offrent deux grilles de lecture.
1 – La première propose simplement un regroupement des réponses par domaine d’activité. Ainsi, parmi les mesures qu’ils prennent ou envisagent de prendre, les actions autour des moyens de transport et l’énergie du logement (chauffage, électricité) dépassent largement les autres domaines.
2 – Une deuxième grille de lecture offre une vision sur le degré de complexité ou d’effort des actions engagées, avec quatre grands segments, du plus facile au plus engageant :
- « Baisse le son » : faire la même chose mais simplement réduire les quantités (éteindre la lumière, voyager moins loin, réduire le chauffage, rouler moins vite, …)
- « Swap » : changer de méthode pour obtenir ou faire la même chose (prendre le train à la place de l’avion, …)
- « Micro-processeur » : déployer une ou plusieurs petites tactiques plus complexes, qui requièrent attention, doigté et connaissance (recycler, réparer, potager, compost, approche zéro déchets, …).
- « Investissement » : investir une somme conséquente pour remplacer une technologie trop carbonée (Remplacer la chaudière, changer de voiture, installer des panneaux photovoltaïques, …)
7. Des ordres de grandeur mal estimés
De nombreux travaux sur les biais cognitifs démontrent les difficultés à estimer et à comparer intuitivement des quantités sur des ordres de grandeur élevés, plus particulièrement pour des sujets peu tangibles, et sans les étudier explicitement.
Presque la moitié des répondants (47%) déclare se « renseigner activement pour savoir et comprendre ». Il est alors intéressant de vérifier la qualité des connaissances, puisque l’information et les données sur les différentes sources d’émissions de gaz à effet de serre sont largement publiées sur Internet, et régulièrement commentées dans les médias.
1. Émissions de gaz à effet de serre selon le secteur d’activité
On remarque ainsi qu’une part très significative des Français ont des représentations erronées sur les ordres de grandeurs des émissions de GES selon le secteur d’activité. Plus de 60% place ainsi le transport aérien (env. 4% des émissions de GES) dans le top 3 parmi une liste de 10 activités économiques, dont la moitié le place en premier, devant le transport routier et l’énergie pour les logements et bâtiments. Ces deux derniers pèsent chacun environ 20% des émissions. On remarque également une forte sous-estimation de l’agriculture.
2. Production d’électricité et émissions de gaz à effet de serre
D’une façon similaire, les Français produisent des estimations déséquilibrées sur les émissions liées à la production d’électricité. En effet, 32% estime qu’une centrale nucléaire émet ‘beaucoup’ de GES contre 42% pour les centrales à gaz et 60% pour les centrales à charbon. Même si on ne peut pas associer de quantités à ces réponses, les proportions et les ordres des différentes technologies marquent des écarts avec la réalité (une centrale à charbon produit plus de 1000 gCO2 équivalent par kWh contre environ 6 gCO2eq./kWh pour le nucléaire et 44 gCO2eq./kWh pour des panneaux solaires).
8. Réflexion finale : des inégalités face à l’information
Le changement climatique semble bien ancré parmi les préoccupations de Français, mais sans faire l’unanimité. Selon les profils et sensibilités, les efforts pour se renseigner sont très différents ce qui induit des niveaux de connaissance et de conscience très variés.
Le niveau de connaissance connait ainsi une marge de progression intéressante. Le besoin d’engager les citoyens sur un sujet aussi complexe mérite probablement que l’on se préoccupe davantage de la qualité et le niveau de partage des constats.
Méthode et paramètres du sondage
- Sondage réalisé par Moving Minds
- Sondage en ligne (CAWI)
- Recueil : septembre – novembre 2022
- Échantillon de 1112 répondants représentatifs de la population française de 18 à 70 ans.
- La bonne représentativité de l’échantillon est assurée grâce à l’application de la méthode des quotas (âge, genre, région de domicile, tranche de revenu) et un redressement sur le niveau d’études (plus haut diplôme obtenu).
Ce sondage Internet a été réalisé sur un échantillon représentatif de la population française de 18 à 70 ans, utilisant un processus de sélection en temps réel au sein d’un panel consommateurs (issu de l’Access Panel MIS). Aucune base de données clients ou fichier marketing direct, ni aucun réseaux social ou base d’abonnés à des newsletters n’a été utilisé.
Ce sondage et ses résultats sont la propriété exclusive de Moving Minds.
Moving Minds
Moving Minds (anciennement LHM Conseil) est un cabinet d’études marketing basé à Chambéry en Savoie. Le cabinet réalise des études de marché, des sondages et études consommateurs, ou encore des enquêtes en-ligne comme par exemple des enquêtes de satisfaction.
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wf@moving-minds.fr
14 novembre 2022.
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